Le 1er novembre, la Toussaint au Guatemala, c’est El dia de Todos Santos. Cette journée est fériée aussi au Guatemala, et les familles vont au cimetière laver, repeindre et déposer des fleurs, encens, offrandes sur la tombe des défunts. C’est aussi le jour de la Feria del Barrilete Gigante (fête du cerf-volant géant) célébrée dans deux villes au Guatemala : à Santiago Sacatepéquez et à Sumpango.
J’avais donc entendu parler de cette journée évidemment très prisée par les Guatémaltèques qui sont à mi-chemin entre deux religions. La religion maya, et la religion catholique. Près de chez nous, à Sumpango, s’opère chaque année un festival des cerfs-volants géants. Evidemment, j’ai voulu y aller, voir et ressentir par moi-même cet évènement. C’était hier matin, je vous raconte.
Feria del Barrilete Gigante, Festival du cerf-volant au Guatemala :
Le festival dure toute la journée du 1er novembre, mais pour éviter d’être mêlés à une trop grande foule, nous décidons d’y aller de bonne heure et en chicken bus pour éviter la galère de trouver une place de stationnement. Nous arrivons tranquillement sur place vers 8h00, traversons d’abord les rues du village qui accueillent déjà de nombreux commerces ambulants de souvenirs en tout genre et des stands qui proposent des maïs grillés énormes et autres plats typiques à manger sur place sur un tabouret ou à emporter.
Chemin faisant, nous voilà dans l’espace réservé à la démonstration des cerfs-volants géants. Ils sont faits de papier et d’une armature en bambou. Ils sont fabriqués des semaines à l’avance, souvent par des ateliers constitués majoritairement de femmes. Ce qui est impressionnant, ce sont leurs tailles. Les plus grands des cerfs-volants que j’ai vu hier matin mesuraient quasiment 15 mètres de diamètre. Leurs motifs complexes et colorés qui composent ces oeuvres s’inspirent de la cosmologie maya, de l’iconographie populaire et de magnifiques oiseaux comme le paon (el pavo real en espagnol).
Les couleurs sont extrêmement vives, les peintures ou collages sont de grandes qualités. Ils seront d’ailleurs évalué par un jury qui sera en charge de voter pour le plus impressionnant des cerfs-volants. Le jury prendra en compte la taille, les motifs et les couleurs. J’avais mes préférés mais cela aurait été difficile vraiment d’établir un classement.
Dans ce large terrain vague, il y a aussi des enfants qui essayent de faire voler leur propres cerfs-volants bien plus petits évidemment. Certains volent extrêmement haut, on ne distingue presque plus les couleurs et je n’ai pas réussit à les prendre en photo, on ne voit que le ciel. Mais au fait, vous ai-je dit pourquoi le festival des cerfs-volant se produit à la Toussaint ? Tout simplement car le cerf-volant représente le lien entre les morts et les vivants.
A 10h00, les ventres gargouillent, pause grignotage, nous choisissons tortillas, guacamole, frijoles et sauce tomate maison. Il y a option viande, mais nous ne sommes pas très viande nous autres. Le ventre rempli, nous nous dirigeons vers le cimetière de la ville.
El dia de todos Santos; La toussaint made in Guatemala.
Le cimetière grouille de monde, des Guatémaltèques du village qui passent la journée à fleurir les tombes et mausolées de leur proches, des Guatémaltèques des environs qui viennent pour le spectacle, et des étrangers comme moi qui sont tout à fait déstabilisés et interpellés par ce que l’on découvre dans ce cimetière.
Du monde, des vendeurs de glaces, des vendeurs de chrysanthèmes, d’aiguilles de pins. Et nos sens nous guides et nous égarent dans le dédale des allées et contre-allées, où il est intéressant de se perdre : des couleurs, des senteurs, et des chants de Mariachis. Personne ne pleure, personne n’à l’air triste. Ici, on ne pleure pas les morts, on les célèbre. Les tombes sont peintes en vert émeraude, bleu azur, rose fuchsia, et fleuries de vraies fleurs, ou en plastique ou encore en papier, l’encens brûle à chaque coin d’allée et régale nos narines. Des offrandes sont faites par les familles à leurs défunts, maïs, alcool et bien d’autres choses.
Je suis vraiment impressionnée par tout ce que j’ai vu hier. C’est un réel jour de fête, c’est un jour joyeux et coloré, qui réveillent nos sens pour nous rappeler que nous, nous sommes vivants.